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Apprendre à Vivre : philosopher & méditer

  • Matthieu Pédurthe
  • 16 oct. 2016
  • 5 min de lecture


J'ai eu le plaisir de pouvoir assister à une nouvelle conférence de Frédéric LENOIR, à l'occasion de la sortie de son nouveau livre "Philosopher & Méditer avec les enfants". Je ne pourrais retracer mot pour mot les propos partagés lors de cette animation au centre culture d'une célèbre chaine de magasin. Pour autant, je vais humblement tenter de vous en retranscrire l'essence... En introduction, Frédéric LENOIR présentait les courants de pensées du Taoïsme et du Confucianisme. Ce dernier s'appuie sur le modèle des étoiles, du cosmos : parfaitement réglés, sans décalage, où il est possible de prédire deux milles ans à l'avance l’éclipse, le passage de telle comète, etc. Les confucianistes projettent donc que l'humain doit vivre sur ce modèle parfaitement régler. A contrario, les taoïstes de dire : les étoiles sont dans le ciel, mais nous sur terre... et sur terre c'est le chaos. Donc apprenons à vivre dans ce mouvement, plutôt que de vouloir tout contrôler, car c'est impossible.


Puis, Frédéric LENOIR démarre sur un champs large, celui de l'Apprendre à Vivre. Et quel vaste sujet qu'il a le talent d'expliciter simplement. Les notions alors abordées vont du désir, du bonheur, être joyeux... Et il en vient alors à mon questionnement : à quel moment le but de la vie humaine n'a plus été de VIVRE, mais d'occuper un emploi ? Chacun a des rêves, libre à lui d’œuvrer pour les transformer en une réalité, ou non. Il l'illustre avec le cas d'une personne qui rêvait d'être pianiste, mais qui a suivi les traces de son père banquier, en occupant le même métier. Mais arrive la période critique des 35-50ans, crise d’existence : " qui suis-je ?", "quel est le but de ma vie ?"... Et ça tombe bien, ayant moi-même 35 ans, avec un désir de trouver un emploi, tout en me questionnant sur la place de mes désirs du développement de l'Humain dans une entreprise, dans le monde...je m'y retrouve ! Il n'y a pas de solution toute faite, pas de tirage de cartes qui pourra nous dire "tiens voilà ce pour quoi tu es fait". Je me dis même avec un peu de recul, que c'est peut-être réducteur de limiter à une fonctionnalité d'objet, un Être qui a le pouvoir d'Exister, de VIVRE. Ce pour quoi je suis fait ? Et bien vivre... Mais comment est-ce que je souhaite mener ma Vie, mon Existence, là est une autre affaire où je suis le seul à pouvoir le savoir. Et là entre en jeu la méditation, que Frédéric LENOIR présente non pas comme un art spirituel, même s'il n'en renie pas cette dimension primordiale, mais plus comme un outil d'attention à soi. Pratiquer la méditation veut dire ne pas être dans l'attente d'un résultat. Il est pourtant difficile d'en ignorer tous les bienfaits : détente, apaisement, clarté d'esprit, amélioration de l'état de santé général, joie, etc. Être dans cette attention à soi signifie "simplement" de s'assoir, de poser les mains sur ses genoux ou sur la table et, de respirer calmement. En portant attention en premier lieu à cette respiration, petit à petit mon mental se détend, et je peux au fur et à mesure lâcher les pensées qui ne font que passer. Je continue en prenant conscience des parties de mon corps en contact avec la chaise, la table, les vêtements... et ainsi de suite, jusqu'à être à l'écoute de ce qui se passe en moi, de mes émotions. Un jour, Frédéric LENOIR rencontrait le PDG d'un grand groupe, et lui demandait comment faisait-il pour gérer toute cette pression et comment faisait-il pour prendre les "bonnes décisions". Le PDG lui répondit : "j'y arrive parce que chaque jour je médite pendant une heure". Voilà qui illustre simplement que l'attention à soi clarifie les pensées, pour permettre de prendre les justes décisions, d'oser prendre, sans se sentir oppressé, etc. Elle va permettre de prendre du recul, non pas sur la réalité, mais sur le chaos du quotidien, s'en extraire pour pouvoir revenir en souplesse, sans subir. Contrairement aux idées reçues véhiculées par les médias, nous sommes dans la période la plus paisible et la moins meurtrière dans toutes l'histoire de l'humanité... et malgré cela, nous ne cessons de constater du stress, de la peur, de la haine, de la paranoïa, etc. Oui la situation économique et sociale est délicate, peut-être même pitoyable, mais en comparaison à quoi ? Aux 30 glorieuses qui conduit notre État à un faste jamais connu, et qu'aujourd'hui, nous revenons à une situation "normale" où tout est chaotique. Alors, comment pouvons-nous apprendre à être souple dans ce monde ?



Justement, là est le rôle de l'éducation. Sortir du schéma glorieux de la croyance que les études amènent forcément à un emploi, sortir de l'idée reçue que l'éducation sert uniquement à préparer à un emploi. L'éducation peut servir une dimension plus noble et sûrement plus réaliste en même temps, celle d'apprendre à vivre aux enfants, aux adolescents, pour devenir des adultes responsables, individuellement et collectivement. Ceci est possible par le biais des ateliers philos que Frédéric LENOIR a pu expérimenter dans des écoles primaires de plusieurs pays francophones : France, Québec, des pays d'Afrique francophone, Belgique. En premier lieu, qu'est-ce que la philo ? Ce n'est pas dévorer les littératures de Kant, Spinoza ou Nietzsche, ce n'est pas connaître les citation par cœur, mais c'est d'être en capacité de partager un point de vue, de l'argumenter, et d'entendre le point de vue l'autre, sans être une attaque contre soi, mais au contraire, comme un enrichissement, pour se dépasser et découvrir une "Vérité Supérieur"... en bref, un autre point de vue plus large. Et de là, Frédéric LENOIR nous témoignait de la perspicacité des enfants tant sur des sujets comme la mort, que le bonheur et en font ressortir des notions d'altruisme, de moral alors qu'il n'ont que 7, 8 ou 9 ans ! Je ne développerai pas davantage et vous inviterai plutôt à découvrir toute son expérience qui est dans son livre qui, ceci dit, accompagné de fiches pour animer les ateliers philo, et d'un CD avec des méditations guidées de 3 à 6min : Philosopher et Méditer avec les Enfants. Mais comment en est-il venu à leur proposer la méditation ? Déjà, à l'instar de la Suisse qui propose depuis plusieurs dizaines d'années la méditation "obligatoire" quotidiennement dans les établissements scolaire, mais surtout, parce Frédéric LENOIR avait constaté l'agitation des enfants, la difficulté à se concentrer. Et de là, il leurs a proposé ce temps d'attention à soi, à sa respiration, à son corps. Et les effets positifs ont été immédiats ! Après quelques temps, il a appris que les enfants méditaient d'eux-mêmes, seuls chez eux pour... mieux se concentrer, mieux s'endormir, ou pour ne pas taper le petit frère ;-)

Initier les enfants à la méditation pour eux, et à la philo vers l'autre, c'est les "armer" pour être de meilleurs être humains, plus performant dans le sens de la qualité humaine et non du rendement, avec une capacité à prendre de soin, de l'autre, pour un vivre ensemble. La méditation permet de se connaître, et dans notre société individualiste, il va être important de permettre à l'individu d'être assez en confiance avec lui-même pour s'ouvrir à l'autre et ne plus être dans une démarche égo centrée. Gandhi le disait lui-même "sois le changement que tu veux-être pour le monde".



Comme l'a rappelé Frédéric LENOIR, et je terminerai sur ça, "si tous les enfants du monde méditaient quotidiennement, en une seule génération le monde serait changé".






 
 
 

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