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Le burn-out, la maladie des salariés cramés

  • netlab64
  • 28 mai 2015
  • 3 min de lecture

Plus de 3 millions d'actifs sont au bord de l'épuisement. Et leur burn-out pourrait bientôt être reconnu comme une maladie professionnelle.

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En bref

  • Le burn-out va t-il être reconnu comme une maladie professionnelle ? C'est l'objet d'un amendement à la loi sur le dialogue social déposé par le député PS Benoît Hamon.

  • La loi est discutée depuis ce mardi à l'Assemblée nationale. Si l'amendement est adopté, les malades seront indemnisés par leur employeur et non plus par la Sécurité sociale.

  • A ce jour, plus de 3 millions d'actifs français sont directement menacés par ce syndrome d'épuisement professionnel. Un sujet brûlant auquel "l'Obs" a consacré un dossier en 2014.


"Mon père était agriculteur. Il en est mort." La campagne n'est bucolique que pour ceux qui n'y travaillent pas. Les autres, elle les épuise, parfois jusqu'à les réduire en poussière. Christian Bergeon avait 45 ans quand il a avalé des pesticides. Il s'est écroulé sur le lit de son fils Edouard. C'était deux années après son burn-out, son "craquage" à la suite de l'épreuve de trop. En 1997, une terrible explosion au gaz met le feu à l'exploitation familiale. Edouard, 13 ans à l'époque, réalisateur en 2014 du documentaire "Les Fils de la terre", raconte :


Pendant un quart d'heure, à deux, mon père et moi, on a essayé de tout sauver, les chevreaux, la volaille, du matériel... Puis il m'a dit stop. Il était là, les bras ballants. Sans énergie. Comme un boxeur K.-O. debout. Ensuite, il s'est enfoncé."


Après quinze années d'aléas météo, de dégringolade des cours et de dettes à honorer, Christian n'avait plus la force de se battre. Sans un mot, il s'est recroquevillé dans son lit comme un escargot. Le mois qui a suivi, il est entré en maison de repos. Puis ce fut l'hôpital psychiatrique.

Les calamités ont eu raison de ce grand gaillard moustachu, forte personnalité capable de faire rire toute une assemblée villageoise, perfectionniste, debout à 6 heures, jamais couché sans une dernière inspection de sa ferme, sans un dernier regard sur ses petites chèvres, si délicates à élever. Christian aura trimé des journées de dix-sept heures. Jamais de bord de mer pour souffler un peu. La ferme, tout le temps. Comme une malédiction.


Un beau jour, une immense fatigue

Christian est l'une des victimes du burn-out. Cramé. Comme une bougie à la flamme trop vive brutalement soufflée. C'est dans les années 1970 que le terme – issu du verbe to burn out, "se consumer" –, est apparu aux Etats-Unis, avec la découverte d'un fléau qui détruit les êtres, corps et esprit. Pendant des mois, voire des années. En 1974, le psychanalyste Herbert J. Freudenberger explique :

Les gens sont parfois victimes d'incendie, comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie, leurs ressources internes en viennent à brûler comme sous l'action des flammes, ne laissant qu'un vide immense à l'intérieur, même si l'enveloppe externe semble plus ou moins intacte."


Depuis, le feu ne cesse de se propager. Ils sont de plus en plus nombreux à décrire cet étonnant syndrome d'épuisement professionnel : une immense fatigue autant psychique que physique qui les a saisis un beau jour, quasi sans prévenir. Ne reste plus qu'une coquille creuse, comme un squelette d'insecte vide de sa substance. Marie, 43 ans, ex-professeure en bac pro et au bout du rouleau, raconte entre deux sanglots :

Ce matin-là, j'étais dans mon lit. J'ai pensé : 'Lève-toi.' Mais pas un muscle ne répondait, comme si ma tête et mon corps n'étaient plus reliés. J'étais devenue une loque. Intellectuellement, j'ai sombré. Je me perdais même au supermarché."


"C'est comme une overdose, tu débordes", se souvient Antoine [certains prénoms ont été changés, NDLR]. Il était alors rédacteur en chef dans une émission de télé en vue. Lessivé par l'abattage de reportages montés à la chaîne, tyrannisé par la courbe des audiences, il a fini par tout lâcher :

La souffrance était érigée en norme. J'ai refusé ça. C'est un réflexe de survie. Tu craques pour te sauver."


Des cohortes de médecins, des bataillons de profs, des régiments de policiers ou de managers : selon le cabinet Technologia, expert en prévention des risques professionnels, pas moins de 3 millions de personnes, soit 12,6% des actifs, seraient directement menacées !


article du nouvelobs

 
 
 

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